samedi 18 février 2012

Une soirée russe

Coïncidence. Il fait un froid glacial aujourd'hui, avec un vent cinglant qui viendrait de très loin, du grand est, de Sibérie! Si, si.
Une différence de taille néanmoins : le ciel est bleu froid, les températures négatives glacent les os.

Le jour de cette soirée là, le ciel est blanc mat. Immobile, la couche de nuages laisse à peine filtrer le soleil. Huit degrés, c'est un jour d'hiver doux.
Le matin, Artem, russe, vient d'arriver à l'école maternelle. Ses parents l'accompagnent. Ils sont jeunes, leurs habits sombres et seyants. Les yeux de la femme sont noir geai comme ses cheveux épais qui descendent jusqu'au bas de son dos. A leurs côtés, pour cette rentrée singulière, un des grand-pères est là, en léger retrait. La maîtresse de maternelle les a accueillis un peu plus tôt, prévenante et un peu embarrassée ; Artem, lui, regarde les autres enfants, son regard balaie aussi les parents qui les accompagnent. Il se déplace dans le petit périmètre vide de meubles ou de jouets, large lieu de passage au milieu de la pièce qui permet de rejoindre les porte-manteaux, le coin bibliothèque et la grande salle de motricité. Aucun membre de la famille ne parle français encore. Les petits camarades dans la classe paraissent agir comme à l'accoutumée : certains regardent Artem mais sans insistance comme si ils lui donnaient le temps de s'approprier l'espace. La maîtresse avaient prévenu de son arrivée dans la classe la semaine précédente.

Comment sa journée s'est-elle passée? Je n'en sais pas grand-chose en fait. Si, il a pleuré pour la sieste et la maîtresse a quitté la salle de sieste pour rester avec lui dans la classe , "Il a peur de rester tout le temps à l'école, c'est pour ça qu'il a pleuré".
Quoi d'autre?
Comme le reste de cette journée extra-ordinaire dans la vie de classe me fut raconté en russe, je n'eus pas les détails juste une idée de l'atmosphère de la journée. En effet, Poupoune de retour à la maison pour le goûter n'a presque plus parlé français de la soirée. "GLAVSKA... KOUzISKI...DJIKUKsblAAA'klA" Ses peluches installées tout autour du tapis de sa chambre, Ours, Nounours Bleu, Petite soeur, Requin, Dragon, Camille et les autres ont, eux aussi, écouté le récit russe de Poupoune pendant plus d'une heure et demie "GI GILOKZOU" Les jeux étalés, les livres ouverts, les couvertures sorties, Poupoune leur a raconté sa rencontre avec Artem (AKtium, puis dès le lendemain, ARTiUm) et le russe était devenu la langue officielle de la chambre. Quand vint l'heure du bain, Poupoune enleva ses habits TSIOUKIZLAVKA. Si, une fois, alors que je devinais qu'elle me parlait - en russe toujours- j'entrai dans la salle de bain et avant de reprendre sa narration elle me dit "maman, tu sais, je ne sais presque plus parler français." Je fis l'étonnée et je souris. Aussitôt après, elle continua de converser en russe avec les canards et gants de toilette BAKA.. KILOVKA... GOUDOUGLIOUSKI...
C'est ainsi que nous passâmes une soirée russe. Au moment du diner, chacun notre tour tenta de traduire les réponses que Poupoune pouvait nous donner sur les faits et gestes d'Artem à l'école. Ainsi, jusqu'au coucher, KAZOVKA..GIVZESKI... GAAkOUkivlglA. Seule l'histoire du soir dérogea à la règle que Poupoune s'était fixée : elle retrouva sa langue maternelle le temps du câlin puis sombra dans un sommeil bien mérité ;-).

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