lundi 30 janvier 2012

Vous avez dit douée? Petite introduction.

Douée, surdouée, Haut Quotient Intellectuel soit HQI, adulte précoce, abdouée à présent... Les appellations sont nombreuses et toutes aussi désespérantes que les autres lorsque vous tentez de dire à certains que vous connaissez bien que votre manière de penser est somme toute différente.
Hors-norme au sens premier, hors de la norme, dans mon cas, 1% de la population. Lorsque j'y pense, c'est peu. Cela n'est pas non plus exceptionnel ; pour d'autres doués, avec un QI de 145 et plus par exemple, l'étau se resserre : le pourcentage passe à 1/000 et il devient encore moins aisé de s'imaginer des pairs, même si il est communément accepté que nous sommes tous différents et dignes d'intérêt.

Le plus difficile est avant tout la mesure du quotient intellectuel qui, lorsqu'il est bien fait, est accompagné de bilans psychologiques complémentaires. En effet, ces fameux tests (WISC pour les enfants de 6 à 16 ans et WAIS pour les adultes sujets à des mises à jour récurrentes) sont très souvent jugés insuffisants. Les malentendus sont ainsi nombreux. Les deux reproches principaux sont qu'ils ne prennent en compte qu'une partie de l'intelligence et délaisse l'émotionnel (!) et que ce fameux seuil placé à 130 le plus souvent laisse penser que vous êtes bien prétentieux d'oser dire que vous le dépassez, sachant que la moyenne du quotient intellectuel se situe en général entre 100 et 110.
Or, cette mesure est une nécessité absolue - et pour la personne douée souvent un soulagement - puisqu'il signifie un seuil. Indicateur, il révèle ainsi un mode de fonctionnement plus qu'un palier supérieur qui vous placerait au-dessus des autres. Tout cela est d'ailleurs très bien expliqué par nombre de psychologues spécialistes de la douance (la douance expliquée : http://www.douance.org/) et dont les travaux sont rendus publics. Malgré tout, le tabou reste prégnant :  peut-être par esprit d'homogénéité, il ne faut surtout pas rien dire pour ne pas mettre à mal à l'aise. Voyez même, l'utilisation de ce terme « douance » pourtant utilisé au Canada, en Belgique, en Allemagne et ailleurs, est généralement mal perçu. Si je lis Arrielle Adda, la douance ne pose aucun doute ; par contre, j'en conviens, il m'est difficile d'en parler très clairement. D'abord du fait que cela ne se fait pas, ensuite, surtout, parce que cela me renvoie à mon identité, la relation que j'entretiens avec mon environnement, bref tous ces éléments qui sont si personnels et complexes que je ne peux les décrire que par bribes, comme tout un chacun.

Ces petits rappels faits sur la mesure du quotient intellectuel et le différentiel que cela représente en terme de processus de pensée, je ne me lancerai pas plus avant dans des considérations psychologiques souvent décriées parce que, malheureusement mal connues et mal comprises.
Je ne suis pas psychologue de formation. L'objectif serait plutôt de montrer les ambiguïtés, les deux versants qui caractérisent et créent mon identité. Douée et alors? Qu'est-ce que cela implique? Comment je le vis dans mon quotidien? Avoir un regard autre que celui des psychologues, désacraliser la douance, la faire accepter dans une moindre mesure si cela est possible.

Ces courts messages que je donnerai à lire sont donc là pour combattre des préjugés et idées reçues attribués aux personnes doués qui, dans l'imaginaire, si elles ne sont pas pas des génies peuvent se transformer en monstres d'égoïsme ou psychotiques en tout genre. Mais je prendrai un plaisir certain à relater les cocasseries qu'engendre tout décalage. Ainsi, ma plus grande surprise à l'annonce du résultat du test Wais fut de me rendre compte qu'une grande majorité des personnes que je croise au hasard des rues ne pense pas comme moi. Chacun est unique me direz-vous, cela est certainement vrai. Néanmoins, dans mon cas, il me semblait que j'étais une personne terriblement confuse, au sens que quelque chose d'irrémédiable manquait à ma manière de fonctionner au quotidien.
Il y a donc l'avant test : je dysfonctionnais, je fonctionnais mal et ce, d'autant plus que je m'acharnais à palier ce que je considérais alors comme des déficiences de ma part. Les psychologues spécialistes de la douance appellent cela à juste titre le sentiment d'imposture. Je ne me sentais à ma place car je n'avais pas toutes les clés.
Il y a aussi l'après-test, presque immédiat pour ma part : je n'ai en fait pas de problèmes ou de difficultés psychologiques, je fonctionne différemment, c'est tout. Ce sont ces décalages que je souhaiterais faire partager, pour d'une part apaiser le sentiment de souffrance que peut sans doute procurer tout vécu d'une différence et d'autre part, peut-être encore plus important, pour partager avec humour ce sentiment d'étrangeté si familière que la douance accorde.

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